Pour
une population d’environ quatorze millions d’habitants, la Côte
d’Ivoire comprend plus de soixante ethnies, une ethnie pouvant
se définir comme une communauté se référant à des traditions,
des croyances et une langue commune.
Cependant, on a pour plus de clarté, groupé entre elles les
ethnies ayant une origine géographique présumée identique et
ayant appartenu à un même noyau. C’est ainsi que l’on distingue
les groupes suivants :
Les Malinké, les Voltaïques, les Mandé-Sud, les Krou, le groupe
Lagunaire et enfin les Akan.
Les Malinké, qui viennent primitivement des gords du Niger,
se sont divisés en deux tronçons : l’un au nord -ouest occupe
la région d’Odienné, jusqu’aux frontières du Mali et de la Guinée.
Le deuxième s’étend à l’est de l’axe routier Niakaramandougou
-Ferkessédougou. On l’appelle groupe Dioula, ce qui n’indique
pas une provenance, mais une profession. Le mot Dioula signifie
en effet commerçant. Ce sont des marchands Malinké qui se sont
également répandus à la fois vers le centre-nord et autour de
Bondoukou au nord-est.
Le groupe Voltaïque comprend les Sénoufo, placés en sandwich
entre les deux groupes Malinké, les Koulango et les Lobi qui
se succèdent ou cohabitent dans le Nord-Est, le long des frontières
burkinabè et guinéenne.
A l’ouest, sous le groupe Malinké, sont répartis les Mandé-Sud
. Ils comprennent les Dan ou Yacouba, les Gouro ou Koueni et
les Gagou . Ce nom de Mandé, qui est donné parfois aux Malinké,
laisserait supposer un vague cousinage entre eux. Pourtant ils
n’ont rien de commun, ni l’aspect physique, ni la religion,
ni même la provenance, car de nombreux spécialistes considèrent
maintenant les Mandé-Sud comme étant probablement plus ou moins
des autochtones.
Les Krou, dans le Sud-Ouest, viennent du Libéria anglophone.
D’ailleurs, dans la région de Tabou, sur la côte, certains sont
appelés des Krumen. Ils englobent les Guéré, les Wobé, les Niaboua,
les Neyo, les Beté, les Godié, ainsi que les Dida. Mais l’origine
de ces derniers semble assez mystérieuse. Car ils se distinguent
très fortement des autres Krou par leurs croyances et leurs
coutumes.
Pour compliquer les choses, les Adioukrou, qui affirment être
venus de l’Ouest, se considèrent comme étant des cousins des
Didab mais les ethnologues les croient en réalité des autochtones.
Le groupe Lagunaire est arrivé en plusieurs vagues du Sud-Est,
c’est-à-dire du Ghana, et réunit les Abé, Atié, Abouré, Ebrié,
Brignan, Alladian, Appoloniens, Abi, Fanti, tous d’origine ethnique
Akan. Enfin, également du Ghana d’autres Akan sont venus plus
tard, comme les Abron et les Agni, qui se répartissent le long
de la frontière ghanéenne, depuis Bondoukou jusqu'à Aboisso.
Quand aux Baoulé, appartenant au groupe Akan des Ashanti , ils
occupent essentiellement la région centre, où ils sont en contact
avec les Gouro, à l’ouest, et les Gagou, au sud.
Hors de cette classification, d’ailleurs un peu simpliste, d’autres
ethnies se sont mélangées aux précédentes ou existe encore en
très petits noyaux, notamment dans les montagnes de l’ouest
ou dans les forêts. Il est évident qu’il s’est produit, surtout
depuis les dernières décennies, un brassage de populations important,
notamment dans les grandes villes.
De plus, la création du barrage de Kossou a provoqué une certaine
émigration des paysans délogés par les eaux vers la région peu
peuplée du Sud-Ouest. Cependant, jusqu’à présent coutumes et
traditions sont restées très vivantes et composent un fonds
culturel dune immense richesse.
Sans prétendre avoir la possibilité, en quelques semaines, d’en
apprendre l’essentiel, le voyageur, au cours des multiples conversations
qu’il ne tient qu’à lui de provoquer, aura mainte fois l’occasion
d’en prendre conscience et de s’en trouver à son tour enrichi.
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